Le poids d'une larme


"- Attends! Ne pars pas! Fermes cette porte, et parlons-en. Parler peut nous aider tu sais.
- Parler? Avons nous déjà parlé, nous? M'as tu seulement écouté les maigres fois où nous avons discuté?

Elle était là, un pieds sur le seuil de la porte palière, les lacets pendants. Elle s'était précipitamment levée du canapé familial, avait saisi son manteau d'un geste sûr et rapide et avait enfilé ses chaussures à la hâte.
Un dernier pas suffisait pour changer bien des choses...
Dans un moment soudain d'indécision, elle regarda derrière elle, parcourut du regard le tableau familial accroché à la tapisserie du couloir. Puis c'est l'enfant qu'elle portait dans ses bras qu'elle regarda.
Il était encore tant de sécher ces larmes et de tout mettre à plat...
Mais, d'un pas timide, elle referma la porte et d'une voix grave murmura à sa fille:
- Viens, nous ne sommes plus les bienvenues ici."

Et pendant qu'elle traversait le terrain de la maison parentale, lui, derrière la porte, laissa couler une larme. Cette première larme si dure à couler, cette larme qui aurait due couler bien auparavant...
Ainsi, en cette soirée d'été, il laissa sa fille sortir de sa vie, il laissa ses larmes sortir de son coeur.
--

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tant qu'il y aura l'écho, même lointain, même différent, cela m'ira... Le poids d'une larme peut-être aussi lourd qu'un non-dit et ici, tu le décris avec justesse et sensibilité.