Le poids d'une vie

C'était l'automne, quelques années plus tard. Elle regardait par la fenêtre du salon les feuilles se coucher délicatement à terre sous le poids du vent, ressassant, comme chaque jour à cette époque de l'année.

Le téléphone sonna. Elle décrocha. Après un cours silence, son visage se raidit. Elle se cramponna à la table du salon, et s'assit, manquant de trébucher. Elle échangea quelques paroles d'une voix grave et raccrocha.

Elle s'approcha alors de sa fille, se blottit contre elle. Elle la regarda jouer un moment et sourit en posant son regard sur ses poupées qui lui avaient un jour appartenu.

Elle ouvrit alors le coffre à jouets : il n'en manquait pas une seule. Toutes avaient été conservées. Toutes avaient été soigneusement rangées, en guise de souvenir d'un père aimant. A chaque poupée qu'elle touchait elle revivait un Noël à ses côtés.

Elle passa alors du côté du salon et se dirigea vers le buffet. Elle sortit du premier tiroir un petit registre sur lequel était maladroitement écrit "Bone fète des Papa". Elle parcourut le petit livre et relut les notes qu'une petite fille aimante avait un jour écrit à son père.

Elle saisit ensuite d'une main tremblante la photo conservée à la dernière page du recueil. Ses yeux se mirent à briller. Elle était heureuse d'avoir cett
e photo racolée en sa possession. Elle se revit à l'instant où elle l'avait déchirée. Elle se remémora aussi la nuit où elle en avait recollé chaque morceau.

Elle essuya ses larmes à la venue de son mari qui la serra aussitôt dans ses bras. Il l'embrassa dans le cou et posa ses mains sur son ventre rond.

Elle remis alors délicatement le registre dans le tiroir, à l'exception de la photo qu'elle posa contre le miroir. Elle serra alors de nouveau son mari, ferma les yeux et lui murmura à l'oreille : "Il aurait eu un petit-fils".
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

RooOoOOoooO c'est beau, mais sa manque de rigolation tout ça!!

Anonyme a dit…

C'est quand tu t'approches au plus près des fêlures des vies que l'on perçoit ta sensibilité, ta mélancolie, Mehdi. D'une touchante vérité. Vivement le prochain. Bisou